Humour de boomer

L’horloge biologique de l’humour tourne et aucun d’entre nous ne sera épargné. Un jour, vous aussi serez vieux et un beau matin en vous levant : vous ne serez plus drôle. C’est ainsi, il faut en prendre votre parti.

Combien de fois sommes-nous défaits à l’affligeante vue d’un boomer âgé de plus de 50 ans (50 ans est l’âge auquel l’être humain entre dans la catégorie des « débris humains » selon l’appellation scientifique) qui n’est plus que l’ombre de lui-même ? Tristement, les vieillards fragiles et probablement malades attendent patiemment que la Grande Faucheuse vienne toquer à leurs portes. C’est l’ordre naturel des choses me direz-vous. Soit, il est normal d’accepter la déliquescence physique de nos anciens et de se résoudre à leur mort prochaine, ce n’est pas le problème. Non, le véritable ennui est tout autre pour nous, encore jeunes et fringants, qui devons supporter tout le poids de leur humour qui devient des plus éclatax une fois un certain âge passé. Comment, à ce moment, pardonner nos grabataires ? Comment accepter leur droit à mourir dignement alors qu’ils nous infligent leurs blagues malaisantes à tour de bras sans même parfois se rappeler qu’ils ont déjà balancé la même vanne de merde il y a à peine 15 minutes ?

L’humour se perd en vieillissant

En effet, avoir de l’humour n’est pas une une faculté qui, une fois acquise, reste constante tout au long de votre vie. Elle connait quatre phases périodiques :

• De 0 à 14 ans : C’est durant cette période là que vous êtes l’humoriste français le plus merdique de votre existence. A ce moment là, votre humour est tout bonnement déplorable et ne fait rire personne car, d’une part, vous ne savez même pas vous exprimer correctement et, d’autre part, vous êtes encore trop immature et votre capacité d’auto dérision et d’ironie est si faible que vous piquez une crise de colère à la moindre contrariété. A noter que certains humains, même adultes, ne dépassent jamais ce stade au cours de leur vie tels que les demeurés communs ou bien encore les militants à une quelconque cause anti-raciste/LGBT/féministe adeptes de la censure, trop limités intellectuellement pour différencier le second degrés du premier et prompts à s’emporter à la moindre trace d’humour qu’ils ne pourraient concevoir.
  
• De 14 ans à 23 ans : C’est la période faste de votre humour. C’est là où vous vous sentez le plus libre, n’ayant aucune brides à votre créativité. A ce moment là tout vous parait possible et vous vous lancez à cœur joie dans la plaisanterie, la satire et la malice la plus trash possible car votre seul objectif est d’être le plus hardcore et le plus drôle possible pour épater la galerie. Vous devenez de plus en plus doué et perfectionnez votre art chaque jour.
  
• De 23 ans à 50 ans : C’est le début d’un long déclin suite à votre entrée dans le monde de travail. Votre moral est définitivement brisé par votre vie d’esclave et votre french dream qui entérine tous vos rêves et vos ambitions. Vous sombrez lentement mais sûrement vers un destin mortifère et chaque année qui s’écoule voit votre humour s’amenuir pour devenir de plus en plus chiant et inconséquent.

• Après 50 ans : C’est le point de non retour. La ligne rouge a été franchie est vous êtes désormais un pur toutou de l’entertainment mainstream et ne pratiquez plus que l’humour de boomer pas drôle. C’est comme si vous aviez perdu une partie de vos aptitudes cognitives et n’étiez plus en capacité d’interpréter le véritable humour qui vous laisse désormais de marbre car « trop violent et trop agressif et de toutes façons c’était mieux avant ».

Qu’est-ce que l’humour de boomer et ses blagues de daron ?

La troisième phase est de loin la plus intrigante et la plus fascinante à analyser. Que se passe t’il bordel entre 23 et 50 ans pour que des humains comme vous et moi se laissent aller à la décrépitude la plus totale en terme de qualité humoristique ? Certains d’entre eux vont même jusqu’à rejoindre les rangs du célèbre Laurent Ruquier, l’humoriste pétomane adepte des jeux de mots foireux et toujours prêt à mettre le doigt dans le cul de Steevy là ou ça fait mal lorsqu’il s’agit d’humour.

Facebook comme terrain de jeu

Pour comprendre ce phénomène il faut s’introduire sur le territoire favori de tout daron qui se respecte, un espace hors du temps et hors de toutes règles de bienséance et de préservation de l’honneur : Facebook. La plateforme préférée des adolescents entre 2008 et 2011 est devenue le réseau social pour boomers par excellence alors même que ces derniers ne l’ont découvert que bien plus tard, aux alentours de 2017 quand tout le monde s’était déjà barré. Auparavant, ce réseau social n’était pour eux que le fameux « face de bouc », endroit où l’on poste ses « duckfaces ». A croire que tous ces hurluberlus se sont passé le mot pour se retrouver tous en même temps, au même endroit et avec la même volonté de pourrir la surface du web avec leurs blagues de merde et leurs memes aux pixellisations des plus douteuses.

La référence à Coluche mais aussi à Desproges y est quasi systématique. A-t-il même déjà prononcé cela pour de vrai ? Peu d’importance.

La vieillesse est un naufrage et les affres du temps se matérialisent à la simple vision de la collection inépuisable des productions de nos amis du 3ème âge :

Heureusement que l’auteur émérite « Rocco ptikiki » a pris soin de signer son œuvre. Sans quoi elle n’aurait pu passer à la postérité et cela eut été bien dommage.

+20k likes pour ça ??? Je… Je sens la haine monter en moi… Le sang qui bouillit

Même pas capable de caller un texte dans une bulle alors que nous chez ClodoNews nos graphistes savent bien évidemment le faire

Après une telle lecture enrichissante des memes de nos boomers Facebook, il est aisé d’établir le constat suivant concernant leurs axes comiques principaux :

-Les histoires conjugales (en gros vous prenez votre boomer et vous le foutez devant un DVD du spectacle d’Olivier De Benoist qui recycle ses blagues où il clash sa femme pendant 2h et il sera aux anges, vous l’entendrez plus moufter).

-Vroum vroum les voitures (La différence entre une moto et une femme ? La moto c’est une Suzuki et la femme c’est une Sucekiki)

-La chatte, le pinard et le paté (Cela va de soit)

En fait c’est comme si ces sombres dégénérés gâteux avaient 12 ans d’âge mental sauf qu’ils ont oublié qu’ils sont enfermés dans le corps tout bonnement immonde de Gérard 75 ans. Mais ma parole ils jouent à quoi ces entités maléfiques de l’EHPAD ?

Mais ce n’est pas tout ! L’humour d’excellence du boomer de qualité supérieure nous réserve encore de belles surprises. Leur exigence intellectuelle est sans pareille, leur créativité… sans limites.

Les blagues sur les stagiaires

En parlant de créativité et de subversivité voici le classique indémodable pour tout boomer qui se respecte : marteler l’auditoire de blagues sur les stagiaires.

« Roh mon colis est en retard, sûrement la faute du stagiaire« , « Bon sang je n’ai pas encore reçu ma pension retraite dorée à cause de ces cons de stagiaires. Comment vais-je rassembler le peu d’argent que l’on veuille bien m’accorder pour financer mon prochain Costa Croisière ?« , « Comment ça plus de Télé 7 jours en stock ? Votre stagiaire il a foutu quoi ?« . Accompagnez ces bonnes punchlines de merde par un bon rire gras digne de vos plus beaux dégueulis suivi d’un petit pet foireux d’incontinent du troisième âge et d’une crise d’asthme presque fatidique et vous aurez là la parfaite blague du stagiaire.

Vous n’avez pas saisi où repose la puissance comique de ce type de blagues ? Et bien c’est… en fait. Hmm oui m’voyez.

Oh et puis merde en fait c’est rigolo parce que de toutes façons, si un individu a le statut de stagiaire aujourd’hui, c’est probablement car il n’est qu’un branleur et qu’il mérite donc bien sa place de sous-fifre et qu’on se foute de sa gueule. Comment peut-on être un tel trimard au point que même notre bon et généreux employeur (qui lui s’est fait tout seul je le rappelle) ne nous offre même pas un CDI d’entrée de jeu sans la moindre expérience préalable ? Nous sommes pourtant dans une période économique favorable se dit le boomer ! Le stagiaire ne peut s’en prendre qu’à lui-même et il est donc de bon ton de rire de lui pour lui prouver, et surtout pour nous prouver à nous-même, qu’à notre époque on savait travailler et pourtant les trente glorieuses ne nous offraient absolument pas tout sur un plateau sans que l’on n’ait à lever le petit doigt.

La migration vers WhatsApp

Non contents de leur contrôle incontesté sur tout le Facebook mondial, les darons ont ensuite réalisé qu’ils devaient étendre leur domination à d’autres horizons. En effet, il n’y avait plus personne à faire chier sur la plateforme de Mark Zuckerberg étant donné que toute individu encore un peu sensé a fui cette maison de retraite à ciel ouvert. Où trouver des djeun’s à saouler avec des blagues bien lourdes et des histoires à dormir debout ? WhatsApp bien entendu, notamment via le groupe « famille » où bobonne/bébou pourra renchérir chaque balourdise par un truc encore plus merdique jusqu’à n’en plus finir.

Voilà pourquoi l’option « mute » a été créée.

Comment ça « Laissons les autres continuer 😂 » ?? Mais bordel vieil enculé psychosé, PERSONNE ne veut continuer.

On ne désire pas continuer cette entreprise délirante, cette pratique humainement indigne, que représente l’humour de darons T’as compris ? Ces mabouls ont près de 15 ans de retard sur l’humour et commencent à peine à intégrer les délires sur Chuck Norris et ils pensent sincèrement que nous allons rire de bon cœur avec eux ?

Croyez-le ou non, ceci a été posté en l’an 2024.

Un humour au succès incompréhensible

Et le pire c’est qu’ils rigolent réellement de leurs créations je vous jure. Ils en sont tout fiers dans le plus grand des sérieux. Suite à l’assénement de leur vanne, ils en rient à gorge déployée devant leur interlocuteur, dans un incommensurable sentiment de fierté pendant que nous les regardons d’un air abasourdi, inquiets pour leur propre avenir. Une fois la blague retombée, seul un terrible silence plane, symbolique du vide intérieur d’un daron brisé par la vie.

Prenons cette blague par exemple :

Voilà on est sur du bon truc de merde bien classique : plaisanterie éculée, omniprésence vomitive des smileys immondes et qualité d’image éco +(+).

En toute logique la réaction de toute personne normale serait la suivante ➡️

Mais pour une raison inexplicable celle du boomer sera ➡️

Cela nous laisse donc à penser qu’outre le cycle de vie de l’humour que nous avons exposé en début d’article, preuves scientifiques à l’appui, aucun autre facteur ne semble pouvoir expliquer le phénomène d’humour de darons.

Cette catégorie de blague antiques est mauvaise, feignante et dénuée de réflexion. Il se débarrasse de tout effort de subversivité pour tomber dans le simpliste, dans le fast food de l’humour. Il se doit d’aller directement au but afin de ne pas perturber le cerveau ralenti de nos vieux fossiles.

ça parle encore en francs bordel de merde

Soyez gentil avec les darons

Certes ils ont un humour de merde et sont enclins à nous foutre la honte en publique avec leurs plaisanteries interdites mais, comme l’on abandonnerait pas un chien au bord de la route, comme l’on aurait de la peine à se débarrasser du cheval boiteux, comme l’on aurait des remords à renvoyer la 1/10 de Tinder chez elle juste après la baise sans pourparlers… On ne peut résolument pas être méchant avec les darons et l’humour si particulier.

Ils ont accompli de grandes choses de leurs temps et ils furent sûrement tout aussi charismatiques et stylés que nous à un moment de leur vie. D’après eux ils ont fait la guerre, ils n’avaient que des mandarines à Noel ou je ne sais encore quelles fumisteries que l’on fait semblant de croire pour leur faire plaisir et avoir un goûter gratuit. On sait que ce ne sont que des élucubrations de vieux fous là n’est pas le sujet, dans le fond ils sont un peu drôles. Allez en récompense des services rendus à la patrie on les laisse rempiler une année ou deux de plus avant la maison de retraite (ou le HP).

En tout cas nous on a bien ri à la rédac avec Monique.

La bise.

Claude,

Article rédigé par : Claude