Que serions-nous sans les experts de plateau TV ? Dans quel état serait notre monde et, plus généralement, à quel niveau d’avancée technologique se situeraient nos civilisations sans les avis éclairés de nos incomparables experts télévisés qui chaque jour, donnent un petit peu de leur personne et de leur savoir pour guider l’ensemble de notre société sur le chemin de la transcendance ?

Vous vous en doutez déjà : nous ne serions rien. Inexistants, à peine plus visibles qu’un amas de poussière cosmique en perdition dans l’immensité de l’espace. Devant l’excellence d’un expert TV, le commun des mortels, soit l’homme lambda comme vous et moi qui ne passe d’ailleurs même pas à la télé (preuve de son insignifiance), ne peut que s’incliner et profiter de la chance inouïe qu’il a de pouvoir boire les paroles d’un Christophe Barbier ou d’un Nicolas Jordan de Cauchemar en Cuisine dont la sagacité ruisselle depuis leurs interminables écharpes rouges.

Il est donc légitime pour qui s’en sent capable de vouloir devenir un expert TV. Certes, la route sera longue et sinueuse. Evidemment, il faudra redoubler d’efforts pour s’imposer comme un parangon de culture digne de se présenter devant la France entière sur un plateau TV mais toutefois, cela est réalisable grâce à ClodoNews qui vous explique aujourd’hui comment vous aussi devenir un Christophe Barbier :

Expert TV en écharpe rouge : tout un métier

Qu’est ce qu’un expert TV ?

Ils sont partout, ils accomplissent leur mission journalière sur chaque canal de votre téléviseur. Rien ne sert de zapper, ils réapparaitront devant vos yeux comme par magie dans une nouvelle émission car ils monopolisent l’espace public. Impressionnants par leur omniprésence, ils occupent votre champ de vision sans relâche à en se demander si ils ne vivent carrément pas sur le plateau tant ils se sacrifient corps et à âme à leur métier.

Sur un plateau de télévision ils sont chez eux. Ils sont les maîtres du foyer et ce sont eux qui nous commandent. Mais que faire sinon se taire pour les écouter en toute humilité ? Tels des oracles, ils sont les nouveaux intellectuels d’une société qui ne sait de toutes façons pas penser par elle-même et qui doit être tenue par la main pour savoir ce sur quoi elle devrait s’offusquer aujourd’hui.

La fonction quasi divine de l’expert TV est de s’exprimer à l’antenne sur un sujet, peu importe lequel car l’expert TV est expert en tout, puis de choisir si le public doit s’en émouvoir, en avoir peur ou s’en indigner. De son incommensurable bonté, l’expert nous mâche donc tout le travail intellectuel pour se concentrer sur ce qui nous, simples téléspectateurs, nous importe réellement à savoir : être sermonné pour revenir dans le droit chemin et se remettre à penser comme un homme digne de confiance et regagner la considération de l’intelligentsia.

L’expert TV doit également être expert en théologie, tant qu’il n’oublie pas son principe de neutralité

Comment devenir expert TV ?

Ne pas perdre son temps à se confronter au terrain

Laissez le travail de recherche et les enquêtes approfondies aux simples journalistes. Cette basse besogne ne serait qu’une perte de temps précieux pour l’expert TV qui, lui, est la personne qui analyse l’information scrupuleusement une fois récoltée. Il ne peut convenablement pas sortir des studios pour aller rencontrer la plèbe au cœur du terrain, ils risquerait d’être exposé à la lumière naturelle qui altérerait ses pensées, de se salir les mains en parlant à des gilets jaunes et surtout de polluer son esprit supérieur avec de telles frivolités.

Et ce n’est pas nous qui le disons. Nous nous basons sur le fruit de la réflexion de notre maître à tous, le plus grand des éditorialistes, Christophe Barbier en personne :

Ainsi, le respecté expert déclare que « Se confronter au terrain pollue l’esprit de l’éditorialiste. Son rôle est de donner son opinion, d’affirmer ses certitudes, par essence improuvables. Afficher avec force ses convictions permet aux lecteurs de s’y frotter pour former les leurs. Aux reporters de rencontrer les gens, d’aller sur le terrain, aux éditorialistes de proposer une vision de notre époque. ». Ces paroles empreintes de sagesse sont celles d’un homme qui a su rester humble tout au long de sa carrière en préférant ne pas aller travailler hors du périmètre de sa chaise de bureau afin de ne surtout pas empiéter sur les plates bandes de ses subordonnés. Chacun à sa tâche. Les ouvriers vont glaner l’information, les penseurs pensent et enfin, tout en bas de la pyramide, les lecteurs se forment sur les pensées des penseurs.

L’expert qui dédie toute son énergie à penser puis à s’exprimer est donc nécessaire au débat public. Il est le tuteur sur lequel le peuple, tel le vulgaire lierre rampant, peut s’élever.

Créer de la valeur ajoutée

Bien que nombreux soient les téléspectateurs à réclamer une information sourcée, neutre et reposant sur une exactitude irréprochable, l’expert TV, lui, sait que toutes ces prétentions ne sont que balivernes. Une information propre fait elle parler ? Fait elle vendre du papier ou nous faire nous ranger derrière un champion chroniqueur des Grandes Gueules pour animer notre repas du midi en famille ? L’expert peut donc ainsi se permettre de choisir à notre place comment le mass-media doit être traité.

Qui peut réellement se prétendre intéressé par les révélations d’Edward Snowden quand on peut à la place se pencher plus sérieusement sur le sujet des danses Fortnite afin instaurer un débat de 30 minutes, avec intervention à l’antenne de René, 56 ans, chauffeur de poids lourds, pour savoir si les jeux-vidéos rendent notre jeunesse totalement débile ? L’expert de plateau TV sait prioriser l’information car il perçoit avec précision sa valeur intrinsèque en un seul coup d’œil à l’inverse du lecteur non averti comme vous et moi.

L’expert TV n’a donc pas peur des sujets qui fâchent et qui en disent long sur la société. Il s’exprime avec ses tripes. Culturellement, il se doit d’être au-dessus du reporter de guerre moyen, il doit nous permettre de nous élever en assénant des théories d’un air assuré avec un aplomb qui convaincrait même le contradicteur disposant des meilleurs arguments sur le papier. Car oui, l’information en continu n’est pas que du papier et du fond, c’est surtout de la forme. Comme tout le monde le sait, le lecteur ne fait plus confiance aux preuves matérielles qui ne sont de toutes façons pas assez enrichies en valeur ajoutée. Il préfère le discours d’un chroniqueur tout azimut qui sait parler à son audience, car il a du charisme et surtout : il sait danser le backpack kid.

Se savoir investi d’une grande mission

A cause de la surexposition médiatique et des prises de paroles courageuses mais clivantes qu’impliquent le métier, les mauvaises langues seraient tentées de qualifier les experts TV de « fieffés margoulins », de « terroristes de la culture », de « vils faquins » voir tout simplement « d’idiots utiles du village ». Elles ne pourraient pourtant pas être plus loin de la réalité !

L’expert n’a cure des avis erronés de ses contradicteurs. Il les pardonne même car il est bon et doté de la magnanimité des puissants de ce monde. Imperturbable, il n’oublie jamais le dessein qui lui a été confié par des forces supérieures : Non pas faire éclater la vérité mais faire éclater sa vérité. Contre vents et marées, il doit propager sa parole de 8h du matin jusqu’à 12h30 sur BFM. Il n’a donc pas peur de se lever tôt et d’empiéter sur l’heure du déjeuner (au grand dam d’Emmanuel Lechypre) car l’information n’attend pas.

Les critiques adressées aux experts TV sont donc probablement la résultante d’une jalousie bête et méchante de la part de téléspectateurs n’ayant pas les outils cognitifs pour comprendre les véritables enjeux de notre monde. Comme si il était si facile d’être chroniqueur ou éditorialiste. Comme si le moindre quidam avait en lui les capacités pour être rémunéré grassement afin d’exprimer son opinion pendant 4h d’affilées sur une chaise avant de rentrer à la maison. Vous conviendrez que cette position luxueuse ne peut être tenue que par une certaine élite journalistique qui a probablement sué de labeur pendant 5 longues dans une très exigeante école de journalisme et ce n’est pas l’ouvrier d’usine qui peut se targuer d’en faire autant car n’oubliez pas les paroles du précepteur barbier : le travail de pensée est supérieur au travail de terrain en valeur, en importance et en termes d’efforts.

christophe barbier fait l'imbécile

Avoir une écharpe rouge

L’expert se distingue intellectuellement de l’individu moyen par sa supériorité. Il est donc tout à fait logique qu’il se distingue également vestimentairement parlant.

Voilà pourquoi tous les plus grands experts de notre monde se vêtissent fièrement d’une longue écharpe obligatoirement rouge car elle doit être visible en coup d’oeil et ce même par le spectateur le plus grabataire de BFM TV. Ils démontrent ainsi leur appartenance à l’élite de la nation en se démarquant des fripes que les gueux portent à l’extérieur des locaux de la rédaction.

Tous les experts dignes de ce nom se doivent donc de porter l’écharpe rouge avec prestance. Qu’il s’agisse de Christophe Barbier, dont les rares amis confient que ce dernier va jusqu’à dormir avec son écharpe ou bien Nicolas Jordan, le célèbre expert en sauvetage de restaurants (oui c’est une profession) acolyte des chefs Phillipe & Tchebest sur M6 qui nous instruit chaque semaine avec ses graphiques en camembert complexes mais toujours riches en expertise.

el famoso experto nicolo jordano dello cauchemardo en cuisino

Article rédigé par : Christophe Barbier