AVATAR : film d’extrême droite où les migrants humains sont les gentils ?

Chez ClodoNews, nous cultivons depuis toujours un amour immodéré pour le cinéma exigeant, celui qui interroge, dérange, bouscule, et surtout permet d’écrire les mots « métaphore », « grille de lecture » et « film à multiples niveaux de lecture » afin que nous puissions avoir l’air de professionnels et même, soyons fous, ouvrir une chaîne de Youtubage ciné tout à fait sérieuse et absolument pas putassière.

C’est donc tout naturellement que nos critiques cinéma (enfin Gunther quoi), entre deux débats sur Tarkovski et un visionnage en boucle de la bande-annonce de Star Wars : Le réveil de la force (j’ai pleuré, des larmes ont coulé sur ma joue), ont décidé de se pencher sur l’une des œuvres les plus influentes du cinéma contemporain : Avatar, de James Cameron.

Un film que les non-initiés réduisent souvent, à tort, à « un Pocahontas bleu en 3D pour beaufs qui aiment les écrans très lumineux ». Une erreur grossière. Car Avatar, sous ses airs de fable écologique, cache en réalité une idéologie politique bien plus trouble, bien plus radicale, et surtout bien plus embarrassante pour les progressistes qui l’ont applaudi debout en 2009 avant d’aller s’acheter un SUV hybride.

Et comme, souvenez-vous : « tOuT eSt PoLiTiQuE Hannnn ta vu ? » (comme aiment à nous le rappeler toutes les trois secondes nos grocervos du net), la question mérite bien évidemment d’être posée : Avatar est-il un film d’extrême droite ?


Avatar : un film écolo… vraiment ?

À première vue, Avatar coche toutes les cases du film gentiment de gauche. Respect de la nature, dénonciation du capitalisme extractiviste, critique de l’impérialisme humain, diabolisation des colonels coupe undercut aux cheveux grisonnants, arbres qui parlent et animaux qui se connectent par USB biologique où je ne sais quelles conneries encore.

Mais comme toujours avec les œuvres à première vue trop lisses, le diable se cache dans les détails. Et ici, le petit détail n’est autre qu’un chat chelou, qui mesure trois mètres de haut, est bleu, torse nu, armé d’un arc, et répète en boucle un discours inquiétant et problématique :

« Cette terre est la nôtre. Vous n’êtes pas les bienvenus. Partez ou mourrez. »

Un slogan qui, replacé dans un autre contexte, rappellerait immédiatement les heures les plus sombres de notre histoire, voire pire : rappellerait le bruit des bottes.


Les Na’vi : peuple opprimé ou identitaires primaires ?

Les Na’vi sont présentés comme un peuple autochtone, vivant en harmonie avec la nature, profondément attaché à ses traditions, à sa terre, à ses ancêtres, à ses arbres sacrés et à ses coutumes immuables transmises depuis la nuit des temps.

Autrement dit : le fantasme absolu de tout identitaire en manque de racines.

Ils refusent le progrès technologique, méprisent la modernité humaine, rejettent toute forme de métissage culturel non contrôlé (cette xénophobie est notamment exacerbée par la propre femme du héros, qui en va même jusqu’à souhaiter la mort de ses progénitures de sang humain), et considèrent que leur mode de vie ancestral est supérieur par essence à celui des autres. Ils vivent littéralement dans des arbres millénaires, ce qui, symboliquement, n’est jamais anodin quand on a déjà eu la chance de faire un semestre de sociologie à la fac de Rennes 2.

Les Na’vi : un peuple décadent ?

Pire encore : ils établissent une hiérarchie très claire entre ceux qui sont « du peuple » et les autres. L’accès à la communauté est strictement réglementé, soumis à des rites d’initiation absurdes, dangereux, humiliants, et validés par un conseil d’anciens qui ressemble à s’y méprendre à un conseil constitutionnel tribal, symbole d’une technocratie vieillissante, déconnectée du peuple et jouissant de ses privilèges. Il y a d’ailleurs fort à parier que l’élite politique Na’vi se complait dans la luxure, tel un Gérard Larcher à la peau bleue et à la tresse connectable au buffet à volonté de la foret, en profitant de l’argent public de ses sujets.

Le message raciste sous-latent du film devient d’ailleurs encore plus clair quand Jake Sully, le héros, ne devient acceptable aux yeux des autochtones uniquement à partir du moment où il renonce totalement à son identité humaine, abandonne son corps, sa culture, son passé, et épouse, dans tous les sens du terme, la cause na’vi. L’intégration ne passe pas par l’échange, mais par l’assimilation totale, voire pire : la trahison.

Car oui, l’assimilation est une chose, mais James Cameron, lui, désire pousser son héros et, par extension, ses spectateurs, dans leurs derniers retranchements : dans Avatar, il ne suffit pas de s’assimiler, il ne suffit pas de faire Téchouva pour le peuple bleu élu. Non, il faut carrément trahir son propre sang et annihiler toute forme humaine pour prouver sa loyauté.
C’est le chemin qu’empruntera Jake Sully en massacrant tous ses camarades militaires, qui étaient pourtant ses propres frères d’armes au début du film, ayant probablement partagé avec lui toutes sortes d’aventures par le passé. Jake devra abattre un à un tous ses congénères, même les scientifiques militaires qui lui avaient promis de nouvelles jambes en échange de ses bons et loyaux services.


Les humains : immigrés économiques ou envahisseurs ?

Cameron délivre donc un destin funeste aux les humains présents dans Avatar, un sort d’autant plus cruel que ces mêmes humains arrivent sur Pandora pour une raison simple : leur survie économique et énergétique.
La Terre est foutue, les ressources sont épuisées, il faut bien aller quelque part, il en va de la propre existence de l’humanité. Et tout cinéphile attentif ne pourra éviter de faire un subtil rapprochement entre la tragédie vécue par les terriens dans Avatar et… celle vécue par les migrants subsahariens et orientaux de notre propre sociéter. Et oui. Il fallait y penser.

les humains sont les gentils dans AVATAR

Mais, dans Avatar, comment les migrants sont-ils traités ?

Tout simplement comme une menace, une invasion, une horde sans âme, diabolisée et bêtement présentée comme un envahisseur venu piller une terre qui n’est pas la leur.
Leur désespoir n’est jamais pris en compte. Comble de l’ironie Cameronesque : leur situation n’est jamais réellement humanisée. Ils sont réduits à des robots sans cœur, des soldats, des cadres cyniques, des ingésclaves avides de fric.

Le deal est simple pour les Na’vi : aucun humain n’a droit à la compassion s’il ne renie pas l’humanité elle-même. Une rhétorique qui, transposée sur Terre, ferait frémir n’importe quel plateau télé présenté par un animateur au tout petit corps et à la tête immense et s’inscrirait directement dans la ligne politique de nos penseurs les plus infréquentables tels que le partisan Nazi Éric Zemmour.


Protection de la terre ou obsession du sol ?

Mais au final, si l’on fait preuve de probité morale, il est impossible de nier que les Na’vi ne défendent pas seulement leur planète. Ils la sacralisent plus que de raison. Pour ces identitaires convaincus, Pandora n’a pas vocation à devenir un bien commun universel, elle est un héritage quasi mystique réservé à un peuple précis, lié par le sang, les ancêtres et une connexion neuronale à un arbre géant. C’est comme si ces derniers ne voulaient pas être remplacés, c’est comme si ils étaient… purement égoïstes.

On ne partage pas Pandora. On la protège contre l’Autre.

Cela ne vous rappelle rien ? Cette obsession du sol, de la racine, de l’arbre-mère, du lien charnel à la terre évoque étrangement certains discours agrariens, presque völkisch mais surtout éhontément démagogiques, où la nature sert de justification morale à l’exclusion.

Subtil, James Cameron. Très subtil. Mais pas assez pour un spectateur éveillé et conscient des enjeux géopolitiques de notre monde. Les pensées malades et pernicieuses du réalisateur sont ici facilement identifiables et nous ne serions guère étonnés de voir ce dernier cancelé de façon pure et simple dans quelques années, nous lui donnons 4-5 ans et 2-3 films de plus avant que la supercherie ne soit comprise de tous, pas plus.


Le mythe du « bon sauvage »

Avatar recycle à la perfection le mythe du bon sauvage : pur, fort, noble, connecté à la nature, moralement supérieur, et surtout vierge de toute influence extérieure.

Mais attention : ici, ce bon sauvage n’est pas pacifiste. Il est guerrier. Il se bat, il tue, il organise des armées tribales, il élève de force des animaux sauvages pour en faire de véritable montures de guerre, il fédère les clans pour repousser l’ennemi.

Une vision presque romantique de la violence défensive, la violence acceptable. Totalement déshumanisé, l’adversaire, pourtant bien humain, est considéré comme du vulgaire plancton à écraser au fond du filet de pêche, de la mauvaise herbe à éradiquer au Round-Up par Jake Sully et ses amis. Toute violence envers l’Homme devient justifiée par la pureté morale du camp des Na’vi, le camp qui se bat soit-disant « pour sa terre » alors que, aux fil des opus, il devient de plus en plus clair que les habitants de Pandora commencent à prendre goût au sang. Galvanisés par une propagande tribale, digne d’un Goebbels en grande forme, les Na’vi comptent assurer la domination de leur camp sur Pandora pendant encore au moins 1000 ans.
Le camp du bien en somme.

james cameron wokiste d'extrême droite

Encore une fois, tout dépend du point de vue, notre journal n’a pas vocation à juger les préférence politiques de tout un chacun (même si il est bon de rappeler que les extrêmes sont le mal et que seul Bayrou détient la vérité), mais il est difficile au visionnage d’un film Avatar de ne pas y voir une glorification du combat ethno-territorial, sublimé par une esthétique héroïque tout en 3D Imax Pro Max 35€ la place et un discours manichéen. Nous assistons ici à la sublimation de la violence xénophobe par le progrès technique et esthétique.


Jake Sully : le transfuge idéal motivé par sa haine de l’occident et par le sexe

Concentrons nous enfin sur la figure du héros de la saga Avatar. Jake Sully est un ancien soldat, un homme brisé, sans avenir, sans attaches, sans identité forte. Exactement le profil parfait pour une radicalisation idéologique réussie.

Il arrive sur Pandora vide, et repart plein de convictions, plein de certitudes, plein de muscles bleus et de biais moraux. Comment en est-il arrivé là ? Par le même procédé que subissent les combattant de l’Etat islamique : un lavage de cerveau en bonne et due forme et une exposition à une propagande extrémiste prodiguée par les prédicateurs les plus obscurs de Pandora.

Il n’aura donc suffit à Jake que quelques séances de découverte de Pandora, ainsi qu’une bonne session de sexe torride avec une indigène (nous ne pouvons omettre ce fait, qui pèse bien évidemment dans la balance) pour que notre soldat abandonne son camp, trahisse les siens, renonce à toute nuance, et devienne plus Na’vi que les Na’vi eux-mêmes.

Car oui, quand Jake se soumet, il le fait jusqu’au bout. Celui qui hier n’était qu’un humain éclopé, prend soudainement la tête du mouvement de résistance, devient chef de guerre, sauve le peuple, épouse la princesse et tout ça car… car il a baisé de la sauvageonne la veille ? Était-il sexuellement miséreux à ce point ? Était-il… incel ? Incel comme… les militants d’extrême droite ? Là encore, le lien semble limpide.


Un film profondément réactionnaire ?

Sous couvert de progressisme écologique, Avatar développe une vision du monde étonnamment figée :

  • Les cultures doivent rester pures
  • Le progrès est suspect tant qu’il provient des humains (quand il s’agit de faire Bluetooth avec un baobab là ça passe)
  • Le métissage est dangereux s’il n’est pas strictement contrôlé
  • La terre appartient à ceux qui y étaient « avant »
  • La violence est légitime quand elle est exercée par les « bons »

Difficile de faire plus réactionnaire sans refourguer des casques à pointe aux Na’vi, ce qui sera probablement une direction artistique étudiée par James Cameron en vue du quatrième opus.


Propagande bleue ou simple blockbuster débile ?

Évidemment, il serait absurde (et totalement contraire à notre ligne éditoriale) d’affirmer que James Cameron est un idéologue d’extrême droite déguisé en militant Greenpeace, soi-disant amateur de plongée sous-marine et autres hobbys qui font bien à Hollywood.

Avatar reste avant tout un film spectaculaire, naïf, manichéen, qui simplifie le monde pour le rendre lisible à coups de couleurs primaires et de CGI. Mais c’est précisément cette simplicité qui le rend suspect. Car en voulant dénoncer l’impérialisme et le capitalisme, le film tombe parfois dans une glorification douteuse de l’enracinement, de l’identité fermée et de la pureté culturelle.
Loin de nous l’idée de coller l’étiquette de facho sous couverture à Cameron mais… en toute honnêteté, si nous nous laissions aller à nos raisonnements Usulesques les plus primaux, il conviendrait d’identifier le réalisateur comme un méchant. D’autant plus que selon les dernières rumeurs, James Cameron aurait déclaré avoir « apprécié le jeu Clair Obscur : Expédition 33 » ce qui ne laisse que peu de doutes quant à l’orientation politique réelle de l’artiste.


Conclusion : Avatar, film d’extrême droite malgré lui ?

Alors, Avatar est-il un film d’extrême droite ? Oui certainement. Mais il ne le dira pas.
Après tout, nous sommes tous l’extrême droite de quelqu’un d’autre, les Na’vi étant, si l’on s’en réfère à une cartographie sérieuse de l’échiquier politique, encore plus à droite que le Rassemblement National. Ainsi, Miles Quaritch, le grand méchant du film, peut être considéré comme un gauchiste pur, un progressiste invétéré si on le compare à Jake Sully et son organisation terroriste aux procédés radicaux.

Est-ce aussi un film qui flirte dangereusement avec certains imaginaires identitaires, sous couvert de bons sentiments écologiques et de critique du système ? Assurément. L’habit ne fait pas le moine, Avatar est un loup déguisé en agneau et distille son idéologie mortifère en toute discrétion. Il serait d’ailleurs judicieux de feuilleter les sources de financement de ces films de propagande afin de vérifier si Philippe de Villiers ou Terre de France n’ont pas eu leurs rôles à jouer dans cette entreprise maléfique.

Toutefois, si Avatar nous apprend une chose, c’est peut-être celle-ci : Quand un film commence à te dire qui a le droit d’habiter où, pour toujours, au nom de la nature… il vaut peut-être le coup de se poser deux ou trois questions avant que notre nation ne devienne dictature comme dans 1984, c’est très jorjorwellien tout ça.


La note de la rédac :

Nous n’attribuerons pas une note à chacun des trois films Avatar en particulier. De toutes façons ils sont tous les mêmes.

Par conséquent, nous noterons la saga dans son ensemble : techniquement impressionnante, idéologiquement bancale, politiquement ambiguë, et qui réussit l’exploit d’être à la fois anticapitaliste, identitaire et réactionnaire sans jamais trop tomber dans l’esthétique de film de gays.

Note finale : 5/10. Car les arbres sont jolis, mais le message est nauséabond.


Article rédigé par : Gunther gunther-clodonews