A notre grand dam, nous n’avons pas souvent l’occasion de voir un auteur s’attaquer au sujet du cyberharcèlement. Et c’est bien dommage tant ce thème regorge de possibilités d’histoire drôles qui font appel à nos doux souvenirs d’enfance. Vous savez, ces grands moments de franche rigolade quand nous poursuivions à grandes enjambées l’être le plus inférieur, de par son apparence physique ou de par son capital financier, de notre classe de 6ème 3 afin de lui lancer toutes sortes de projectiles potentiellement dangereux en pleine gueule jusqu’à ce qu’il aille se réfugier sous les escaliers en se recroquevillant dans la désormais célèbre position de la victime sous l’escalier.

« Arrêtez ! Arrêtez ! Les gars c’est pas cool, cet argent c’est ma maman qui me l’a donné pour le gouter. Non Karim qu’est ce que tu fais ? Non pas le pantalon Karim stp arrête… » Hum, je m’égare… Pardonnez mon flashback soudain et laissons mes souvenirs d’enfance de côté pour parler de notre sujet : l’immonde atrocité littéraire de Kirby 54.

Tout d’abord enthousiastes, nous pensions trouver l’effet d’une madeleine de Proust dans l’œuvre de Kirby 54 en dévorant les pages de son œuvre sobrement intitulée : Mon quotidien le cyberharcèlement. Et quelle ne fut pas notre déception à la lecture de cet étron sans nom dont chaque page tournée nous rapprochait un petit peu plus du fond du fond de la médiocrité littéraire, et surtout, de la malhonnêteté intellectuelle

Fiche technique du livre :

Auteur :

Jonathan Zablot, de son vrai nom : Kirby 54

Titre original :

Mon qotidien le cyberarsselment : un message à les rageu et hateurs.

Titre après relecture de la maison d’édition :

Mon quotidien le cyberharcèlement.

Genre :

Pleurnicherie à volonté autobiographique, Mythomanie, Fiction, Petite enfance.

Nombre de pages :

133 pages écrites en gros caractères pour les abonnés.

Dimensions :

15.24 x 0.76 x 22.86 cm. On a testé : impossible de le faire disparaitre par les chiottes, risques de bouchage.

Temps de lecture moyen :

15 minutes

Prix :

15 balles, soit 1€ la minute de lecture

Un mot sur l’auteur, Kirby 54

Avant de traiter de l’étron qui va suivre, il est nécessaire de connaitre le génie du mal qui nous l’a chié à la gueule. Resituons un peu le personnage :

Jonathan Zablot, de son vrai patronyme Kirby-54 est un vidéaste célèbre sur Youtube, affichant même un total de plus de 300 000 abonnés. Bien que nous ne pouvions certifier cette information, il serait âgé de 34 ans, mais ceci semble peu crédible tant il parait inconcevable qu’un adulte normalement constitué puisse passer ses journées à se filmer en train de manger des pâtes bolognaises ou à visiter son enseigne Carrefour préférée.

Bien que sa passion soit la collection de jeux-vidéos (il faut de tout pour faire un monde), Kirby-54 est à même de traiter de tous les sujets selon les tendances du moment qui drainent le plus de trafic sur Youtube. On l’a ainsi vu s’adonner à de l’ASMR (pratique qui consiste à faire des bruits dégueulasses dans un micro), s’élever intellectuellement en jouant au jeu Fortnite ou bien tout simplement s’essayer à l’humour à travers une série de sketchs pour le moins… Indescriptibles.

Mais Kirby 54 est avant tout connu pour son apparition dans la série française « Brocante Game » où il tient le rôle de l’antagoniste principal. La popularité de Kirby 54 doit donc tout à d’obscurs forums francophones qui ont participé à la grande diffusion de la série. Bien que sa réputation fut par la suite tâchée de scandales (légalement non prouvés à ce jour) sexuels incluant des animaux et de soupçons de fraude et de corruption, le vidéaste reste aujourd’hui l’une des plus grandes figures de l’internet français et endosse, avec joie et détermination, le rôle de bouffon du web qu’il affectionne tant. Mais entre acteur douteux et écrivain, il y a un monde de différence. Et quand Kirby 54 prend la plume pour étaler ses idées fumeuses, le bât blesse…

Notre avis sur : Mon quotidien le cyberharcèlement

L’appel au secours d’un auteur fou

Vous l’aurez donc déjà deviné connaissant le personnage, l’objet même de cette œuvre n’est pas de traiter du phénomène du cyberharcèlement dans sa profondeur, ni même d’en expliquer les rouages ou de proposer une analyse des dégâts psychologiques que celui-ci peut exercer, mais plutôt d’exposer un long monologue victimaire, parfois à la limite de la science-fiction, ayant dans l’esprit naïf de l’auteur l’unique objectif de se racheter une réputation aux yeux de ses potentiels lecteurs.

Le point positif du livre :

Comme notre bonne foi légendaire et notre sagacité supérieure nous octroie, de façon naturelle, un avis plus important que celui du commun des mortels, voici pour vous chers lecteurs le point positif (malgré nos efforts nous n’en avons trouvé qu’un seul) à retenir de ce livre :

  • Un énorme fou rire vers la fin de ce torchon lorsque Kirby 54 aborde le sujet de la musculation. Tout d’abord, l’auteur nous offre une magnifique réflexion empreinte de lucidité « Je me suis lancé dans un programme de musculation afin de devenir musclé« . Bah oui pignouf on s’en doute, tu vas pas à la salle pour promener ton clébard. Mais surtout, l’écrivain nous conte ensuite une anecdote hilarante : « Après une tentative de piratage de mon compte, ils (les méchants hateurs, ndlr) sont passés à l’étape supérieure en se faisant passer pour mes frères et moi, la salle de sport avait reçu des messages du style : -Si vous ne résiliez pas mon abonnement annuel, mes frères et moi allons saccager votre salle de sport.« . Nous ignorions que la famille de Kirby 54 avait des origines gitanes, cette croustillante découverte sur notre communauté de cœur a fait notre bonheur à la rédac.

Kirby 54 (au centre… Ou à droite on ne sait pas) et ses frères gitans : le D’jo (à gauche) et l’Payou (au centre avec la tête d’ahuri)

Les points négatifs du livre

Voilà, maintenant que l’auteur nous a démontré toute l’étendue de son génie, il est temps de relever le florilège d’absurdités scénaristes et stylistiques ahurissantes que l’écrivain de 34 ans (34 ans bordel) nous a offert :

  • Une hypocrisie inconsciemment exprimée durant tout le livre :

Le symptôme de « l’écrivain maudit », vous savez, cet auteur incompris qui subit moultes critiques uniquement car les lecteurs sont cons ou jaloux, et bien ce symptôme peut s’appliquer à certains artistes Kirby, mais pas à toi oh non pas à toi…

Malgré ce que l’auteur essaye de nous rabâcher à travers l’intégralité des 133 pages du bouquin, non, les gens ne sont pas jaloux de ton succès car tu fais de l’argent (l’inévitable poncif digne des comptoirs de PMU sur « l’argent tabou en France blablabla » présent au début du livre) mais peut-être parce que tu produis du contenu médiocre et que tu n’acceptes pas la critique ?

Mais vois-tu Kirby, la critique peut avoir du bon. Un passage intéressant extrait de ton livre mentionne une discussion avec l’un de tes abonnés. Ce dernier te conseillait d’ailleurs de stopper ta carrière de vidéaste : « Arrête tout ce que tu fais, tu fonces droit dans un mur et cela ne ménera à rien. Je préfère te prévenir tout de suite avant qu’il ne soit trop tard. Médite bien mes paroles, tu me remercieras plus tard« . As-tu seulement saisi la chance que ce conseil aurait pu te procurer ? Non, au lieu de percevoir la précieuse aide proposée par cet abonné qui, au final, ne voulait que ton bien et t’épargner d’innombrables humiliations à chaque sortie de vidéos, tu as pris ce message comme une attaque personnelle. Tu balayes d’ailleurs le conseil de ton ange gardien d’un revers de la main en précisant plus loin, je cite, ne pas connaitre « sa situation sociale et professionnelle« . Ainsi, les seules personnes autorisées à émettre une critique sur ton travail sont les CSP + ? Kirby, au final, c’est un peu ce petit enfant que vous voyez poster de la merde sur TikTok, à qui vous avez envie de dire d’arrêter pour son bien, mais qui vous rétorquera que vous n’êtes qu’un vieux con qui ne comprend rien. Mais tu vois Kirby, nous savons que quelque chose ne vas pas bien dans ta vie, je pense que ton appel au secours traduit un manque flagrant d’affection qui ne demande qu’à être comblé. C’est pourquoi, moi, Claude de ClodoNews, je me propose de devenir ton père, oui ton père. Ainsi, nous pourrons faire des activités ensemble, je t’emmènerai t’amuser au bowling et ensemble nous construirons le nouveau Kirby, le Kirby adulte.

L’auteur ajoute d’ailleurs plus loin que ceux qui critiquent n’atteindront jamais son niveau car, lui, au moins « il ose, et c’est toujours mieux que de ne rien faire dans la vie« . Niveau relativisme et nivellement par le bas on ne peut guère faire mieux en terme de réflexion. Cela se résume à « J’ai le droit de faire de la merde car dans le monde il existe des personnes qui ne font rien ».

L’écrivain maudit continue plus loin sa grande entreprise de victimisation en prétextant avoir rendu inaccessible la barre de dislikes de ses vidéos car, de toutes façons, si quelqu’un ose ne pas apprécier son travail, c’est qu’il est l’un de ces fameux hateurs ! L’auteur oriente ensuite son récit dans une sorte de trame complotiste, imaginant des dizaine d’hypothèses farfelues pouvant expliquer son insuccès sur la toile : achats de dislikes en Chine (wtf ?), créations de multicomptes pour nuire à ses espaces commentaires et même pressions psychologiques pour retourner ses abonnés les plus fidèles contre lui ! Si l’on peut faire des reproches au livre, on ne peut cependant lui nier une certaine créativité !

Plus loin dans le livre, Kirby 54 nous entraine dans ses démons intérieurs en abordant ses troubles : l’achat compulsif et sa passion pour les personnages anthropomorphes. Ces passages sont aussi touchants que terrifiants tant ils exposent le déni total de l’auteur face à sa condition mentale. Il est de notoriété publique que Kirby 54 est un grand amateur de tests en tout genres. C’est pourquoi, grand scientifique dans l’âme, ce dernier raconte s’appuyer sur des tests internet pour déterminer si il est atteint de comportement d’acheteur compulsif ou non. Ce qui parait totalement con mais qui semble logique dans la tête de l’écrivain fou. Quant au sujet de l’anthropomorphisme, l’auteur narre avec excitation, l’écume au bord des lèvres, son amour pour les femmes lézards du jeu Skyrim, se cachant derrière l’autodérision et apportant une preuve peu rassurante de sa solidité mentale « De toutes façons je ne suis pas zoophile puisque l’on ne peut pas avoir de rapports avec des créatures n’existant pas« . Justification pour le moins… intrigante.

TOP 5 des personnages féminins de JV humani… huma… Doux jésus

Cette longue liste n’est qu’une infime partie de tout ce que peut contenir le bouquin en termes de comportements hypocrites et justifications bancales. A vrai dire l’ouvrage n’est composé que de ça ! Et cela est le principal reproche que l’on peut apporter au livre, surtout lorsque l’on connait le pédigrée de son auteur.

  • La gradation approximative des « niveaux de haine » :

Plutôt que de prendre 5 minutes de réflexion à produire des chapitres cohérents et de les séparer avec des transitions fluides, l’auteur a fait le pari de l’économie de temps (et d’efforts) en choisissant de séparer ses chapitres par des « niveaux de haine » (14 nveaux au total !) exprimés par les vilains hateurs. Ces niveaux sont censés augmenter en puissance au fil du livre. Idée quelque peu conne mais, soit, cela peut faire sens dans l’esprit d’un adulescent ne voyant la vie que par le prisme des jeux-vidéos et des boss finaux.

Cependant, l’auteur nous laisse légèrement dubitatif quant à son évaluation de la gravité des actes de haine. En effet, dans l’esprit de Kirby-54, les menaces physiques (Niveau 4) sont moins graves que le nombre de « dislikes » sur ses vidéos Youtube (Niveau 5), car oui, pour Kirby, mettre un dislike sur une vidéo constitue du harcèlement. Mais pire, ces mêmes menaces physiques arrivent bien loin derrière l’impossibilité de faire des vidéos de collaboration avec d’autres vidéastes claqués (Niveau 11 !) à cause de la mauvaise réputation de l’auteur, réputation elle-même dégradée par les fameux hateurs cela va de soit.

Cette gradation douteuse nous laisse donc perplexe quant aux motivations artistiques de l’auteur. Ainsi, on remarque à plusieurs reprises que celui-ci accorde plus d’importance au référencement, et donc aux revenus publicitaires (aah l’argent, toujours ce même argent qui reviendra sans cesse dans les mots de Kirby 54) qu’à sa propre santé physique ! Nous avons donc deux conclusions possibles : soit l’auteur est un courageux artiste, prêt à mourir pour apporter ses inestimables vidéos dégustations et streams Fortnite à l’humanité, soit la popularité virtuelle et le fric priment sur toutes autres valeurs. Nous ne parvenons décidément pas à savoir laquelle de ces hypothèses est vraie.

  • Ecrire « Introduction » et « Conclusion » en toutes lettres dans une autobiographie

Non, ça fait juste attardé. Tu écris un livre pas un mémoire de recherche.

  • Les répétitions de mots, quelques fautes et un vocabulaire plus pauvre que le pire des clodos

Selon les propres dires de l’auteur, l’ouvrage a été écrit en quatre semaines. Et bien oui, après lecture, nous pouvons confirmer avec certitude que ce délais a été respecté à la lettre.

Nous noterons un usage abusif des mots « diffamation », « perdants », « personnes toxiques », « abonnés » et enfin « Moi, moi, moi je, moi… » qui, au delà d’un apparent manque de vocabulaire, sans grande gravité pour la compréhension du livre (et puis Kirby a arrêté l’école en CM2 pour devenir porteur de palettes rappelez-vous), traduit surtout un égocentrisme inébranlable et une inexistence totale de remise en question, un peu à la manière d’un enfant pris sur le fait en train de mentir. Nous sommes cependant déçus de l’absence du mot « détraqueurs » (comprendre « détracteurs » dans la bouche d’une personne adulte) auquel l’auteur nous avait habitué dans ses œuvres précédentes.

En revanche, et à notre grande surprise, l’ouvrage ne contient pas un grand nombre de fautes d’orthographe et de grammaire. Il y’en a quand même au moins une par chapitre mais, magnanimes, nous accordons nos félicitations au correcteur orthographique de Word qui a fait des merveilles !

  • Les poncifs vides de sens en guise conclusion de chapitre

Petite particularité de ce bouquin écrit avec le cul : l’auteur conclut chacun des chapitres/niveaux par une phrase qui se veut philosophique mais qui, au final, ressemble plus à une niaiserie moralisatrice balancée aléatoirement. Quelques exemples :

« Quelqu’un pratiquant le rabaissement ne réussira jamais » (Niveau 2)

Effectivement, Kirby n’a pas réussi grand chose dans sa vie.

– « Tu peux vendre n’importe quoi tant qu’il y a de la demande » (Niveau 3)

Kirby et l’économie pour les nuls. L’auteur nous résume en une phrase tout l’ensemble de sa carrière de vidéaste.

-Et la meilleure de toutes : « S’entourer de personnes toxiques vous transformera en une personne toxique ! » (Niveau 10)

C’est pas bien d’être méchant, c’est bien mieux d’être gentil !

La note : 1/20 !

En conclusion, en plus d’être médiocre (ce qui peut-être pardonné étant donné que l’auteur a lui même précisé être une tanche en écriture au début du livre), cet ouvrage qui sous-couvert de vouloir défendre les opprimés et les harcelés ne se résume en fait qu’à parler de son auteur. Tout l’ouvrage ne tourne qu’autour de la sainte personne de Kirby 54. Ce bouquin n’est qu’une vulgaire fumisterie vendue à prix d’or qui nous laisse de sérieux doutes sur l’honnêteté et les intentions de l’écrivain qui semble plutôt vouloir se défouler contre des ennemis invisibles (tiens, tiens, tiens, le harcelé harceleur ?) que réellement sensibiliser sur le sujet du cyberharcèlement.

On donne quand même un point pour la blague de la salle de muscu.

Et n’oubliez pas : Si vous n’aimez pas Kirby, c’est qu’en fait vous l’aimez sans vouloir l’admettre. (Extrait du livre, libre de droits)

Critique rédigée par : Claude