François Hollande. Ce nom ne vous dit peut-être rien et cela est tout à fait normal. Cet homme politique français n’a jamais vraiment percé au haut niveau. Un destin cruel pour l’éternel grand espoir du politique game a pourtant démontré bien des qualités au cours de sa carrière notamment l’une de ses armes les plus efficace : la rhétorique.
Son plus haut fait d’armes ? Sa visite sur l’île de Guiuan, dévastée par un typhon en 2013, au cours de laquelle le maître de la grandiloquence improvisa son immortelle « maître classe » de punchline : « Be you, be proud of you because you can be do what we want to do » face aux regards remplis de respect et d’admiration de centaines de villageois philippins endeuillés qui, l’espace d’un instant, oublièrent l’ensemble de leur petits soucis et tracas du quotidien anecdotiques pour apprécier à sa juste valeur le divin discours du sauveur, notre talentueux homme de savoir français.

Mais quels sont donc les secrets du génie de François Hollande lorsque vient l’heure du discours ? Par quelles techniques et stratagèmes rhétoriques ce dernier parvient-il toujours à nous surprendre et nous charmer ? Par sa simple force de persuasion, son charisme naturel et sa maîtrise parfaite de l’anglais, Hollande a mis tout un pays asiatique à ses pieds. Plongez aujourd’hui dans l’analyse de la plus grande punchline de l’histoire de la 5ème république que nous séparerons en trois partie clés :
Be you, be proud of you because you can be do what we want to do
1 ) Be you
Derrière cette injonction d’apparence solennelle qui, à première vue, ne se résume qu’à intimer le peuple philippin à rester eux-mêmes afin de se relever magiquement d’une catastrophe naturelle sans précédents se cache en réalité un message latent très différent. Il ne suffit pas d’être vous-même pour reconstruire toute votre île et ressusciter en un claquement de doigts la moitié de vos proches morts dans d’atroces souffrances et le F. l’a évidemment bien compris.
Oubliez le « You » et concentrez vous un petit peu plus sur le « Be ». C’est là que réside bien évidemment le véritable enjeu. Cette technique de politicard bien rodé vieille comme le monde est très adroite. Par ailleurs, elle exige une attention et une adresse de tous les instants pour son auteur et on peut légitimement imaginer qu’à ne pas se méfier de ces chausse-trappes linguistiques, bon nombre de membres du public ne sont conscients ni du procédé, ni du message latent. Mais l’intention de Hollande n’est-elle tout simplement en réalité de s’adresser à l’inconscient ? En se rendant à Guiuan, le politique français sait qu’il ne s’adresse certainement pas à la fine fleur de l’élite intellectuelle mondiale mais plutôt à une poignées de bouseux dégénérés, les « sans-dents » comme il sait si bien cerner cette frange de l’auditoire. Dans ce cas, sur des cerveaux un peu moins prompts à la compréhension, le contenu latent agit exactement comme un message subliminal. En toute impunité l’homme d’état qui, lui, a fait de prestigieuses études de politique qui lui octroient naturellement une importance supérieure, annihile plus ou moins l’esprit critique et va droit au but : Faire de son public sa chose, sa pute. Il fait d’eux ses êtres ( « Be » ). Il tire ainsi les ficelles du marionnettiste et est en terrain conquis dans ce petit territoire d’Asie.

Les typhons sont une aubaine pour le F. dont les pouvoirs d’orateurs sont décuplés en cas de météo capricieuse.
2 : Be proud of you
Second axe du F. : Rendre sa fierté à la communauté de Guiuan. François Hollande incarne l’homme providentiel, l’élu des cieux qui appartient à la lignée des forts et qui lui seul, par sa volonté implacable, peut rendre au moindre paysan miséreux cette petite part de lui qu’il a perdu : l’espoir. C’est un fait, tout chez Hollande inspire l’espoir, de son visage assuré d’homme politique alpha à sa prestance désarçonnante.
Mais bien loin de se reposer uniquement sur son physique, certes avantageux, c’est sur le pouvoir des mots que le F. abat ses meilleures cartes. La répétition du mot « you » fait référence à ses interlocuteurs directs. Hollande expose ainsi toute son habileté dans l’emploi du pronom personnel sous sa forme tonique à la 2e personne du singulier et des deux genres pour représenter la personne à qui il s’adresse ce qui, en rhétorique politique, est une figure de style diablement efficace mais très peu employée tant elle ferait trembler le meilleur orateur par sa difficulté d’exécution.
Et pourtant dans la bouche du maître F. cette tirade fait mouche sans même passer pour une mise en scène d’un moi totalement égotiste. François sait parler au bas peuple malgré ses origines le rattachant à la caste des plus puissants de ce monde. Il sait s’adapter avec aisance à un auditoire intellectuellement limité qui n’a probablement même pas fait Science Po. Et lorsqu’il déclame ses tirades sous les yeux ébahis de la foule il fait passer le message suivant : « Je suis venu vous dire que la déchirure et la souffrance des pouilleux est la mienne ». Ainsi, le public se sent fier car il est comme François Hollande et peut s’identifier à lui et qui ne rêverait pas d’être François Hollande ne serait-ce qu’un seul jour ?

François Hollande déclarant « Be proud » à une productrice de fromages locaux sur le marché de Tulles
3 : You can be do what we want to do
C’est lors de la troisième et dernière partie de la punchline que Hollande s’installe confortablement et de façon permanente dans le cerveau de son auditoire en prévenant que ce dernier devra lui obéir et faire ce qu’il veut qu’ils fassent ( « what WE want to do » comprendre Nous/François Hollande).
Tout l’art de la manipulation des masses est ici opéré avec finesse par le master F. qui, toujours dans un anglais parfait qui ferait pâlir Shakespeare lui-même, annonce son plan machiavélique sans le moindre émoi ni la moindre inflexion de faiblesse dans sa voix : Posséder le peuple philippin.
Et c’est peu dire qu’il faille de l’aplomb pour s’imposer comme leader d’une petite bourgade désolée et perdue au fin fond du globe. Cette prise de pouvoir soudaine pourrait même être vue comme une insulte par les tribus autochtones encore peu habituées aux us et coutumes des sociétés évoluées et aux joies de la civilisation que Hollande souhaite pourtant partager. Mais bien heureusement pour notre petit père des peuples, ce dernier sait désamorcer la plus inextricable des situations par la seule force de sa faconde. Il indique d’ailleurs habilement ne pas vouloir s’imposer de force au peuple de Guiuam en lui laissant penser qu’il a la liberté du choix (« You can » comprendre « Vous pourrez si vous le désirez ») bien que dans les faits, il soit déjà trop tard pour eux car l’emprise de la nation française est déjà inéluctable.
Le F. grâce a divers procédés rhétoriques maquillant la domination guerrière par de l’édulcoration verbale parvient à imposer sa désormais célèbre musique que les plus grands docteurs en rhétorique de Youtube, comme l’éminent et toujours très sérieux docteur Victor Ferry, appellent aujourd’hui la « Musique Hollandaise ». Cette symphonie est faite d’effets de ralentissement, où François soupèse le mot qu’il va utiliser dans une forme de suspense, puis d’accélérations fulgurantes qui mettent la pression sur son adversaire.
Au final, François Hollande a inventé sa musique propre et, si nous poussons la note un peu plus loin, nous pouvons même dire qu’il a inventé sa propre histoire. Nous retiendrons donc de ce saint homme son parcours d’humaniste convaincu, épris d’amour pour la civilisation et l’éducation de toutes les franges de la population, même les plus déplorables, à l’apprentissage de la rhétorique.
De lui perdureront toujours ces belles paroles :

Article rédigé par : Claude
