Il est arrivé ! Le dernier bébé de Paradox Interactive et Brunno Bonnel d’Infogrammes fait une entrée fracassante sur le marché des jeux vidéos de gestion basés sur le créneau des city builders (construction de villes virtuelles).
Et que ce succès est mérité au vu de la qualité et surtout de l’originalité de Shithole Tycoon : Hidalgo Edition qui prend à contrepied tous les codes du city builder pour offrir une expérience vidéoludique unique en son genre.
En effet, rien ne sert de comparer cette production franco-américaine avec ses concurrents directs tels que SimCity ou Cities : Skylines car là où ces derniers installaient leur système de jeu sur la construction d’une citée prospère et puissante, Shithole Tycoon lui, propose au joueur de marcher dans les traces de la maire de Paris, Anne Hidalgo, afin de créer de A à Z la ville la plus dégueulasse du monde afin de gagner la partie. Un pari étonnant mais définitivement réussi qui a fait la joie de la rédac de ClodoNews qui a accouché pour vous d’un test complet sur la dernière référence des jeux de gestion :
Incarnez Anne Hidalgo parmi une multitudes de héros
A peine le jeu lancé, le ton est donné : le menu de Shithole Tycoon est des plus austères que nous n’ayons jamais vu. Un choix volontaire selon les développeurs du jeu qui ont tenu à offrir l’expérience de construction de ville de merde la plus authentique aux gamers.
Trois pauvres boutons (qui marchent une fois sur deux) vous permettent de choisir parmi les trois cartes proposées (Paris, Marseille et Nantes). Une fois l’interminable temps de chargement passé (l’écran de chargement distille quelques petits conseils de jeu tandis que le jingle de la SNCF tourne en boucle, rappelant au joueur ses meilleurs souvenirs de TGV bloqués sur les rails pendant 8h sous la fournaise de l’été sans place assise) le jeu se lance enfin et vous octroie la possibilité de choisir votre « héros ».
Si le jeu propose automatiquement d’incarner Anne Hidalgo (la mairie de Paris ayant contribué au développement du jeu à hauteur de 150€), rien ne vous empêche de créer votre fonctionnaire de toutes pièces puis de choisir son arbre de compétence parmi les profils proposés :
– Le maire « Chiraquien » : Vous commencerez la partie avec +10 pts de compétence en corruption et les frais de bouche seront réduits pour vous et tous vos collaborateurs.
– Le maire « Tibérien » : Vous commencez la partie avec +10 pts en invocation. Un pouvoir précieux qui vous permettra d’invoquer des électeurs pourtant décédés afin d’œuvrer à votre réélection et éviter les risques de game over.
-Le maire « Hidalguien » : Vous commencez la partie avec +10 pts en chance. La chance est un facteur aléatoire qui peut s’avérer très puissant pour vous sortir du pétrin à l’approche des élections. Avec beaucoup de chance vous pourrez être réélu contre toute attente, sans explications, alors que vous subissez l’opprobre générale du peuple.
Un immense bac à sable rempli de merdes de chien
Vient ensuite l’heure d’évaluer le terrain lamentable dont vous héritez et sur lequel vous devrez poser les fondations de votre cité décadente. Les amateurs de jeux du genre, ou les afficionados d’études d’urbanisme et d’aménagement de villes (et dieu sait qu’ils sont nombreux à nous lire) seront conquis par le gameplay sommaire mais efficace :
Installez de splendides zones résidentielles avec des HLM et cages à lapin aux designs suintant les années 60 et l’oubli de maintenance pour loger vos pigeons parisiens à des prix exorbitants.

Un Paris authentique
Puis vos zones commerciales ou foisonnera une multitude de kébabs, coiffeurs africains et autres chaines de fast food américaines qui auront pour mission de représenter le soft power et la culture française à l’étranger.

Et enfin les zones industrielles pour fournir à la populace désœuvrée des lieux de travail qui pourront avec un peu de chance (mais pas toujours, selon les déclarations au fisc) vous rapporter quelques taxes pour continuer à financer votre commune.

Une fois ces trois piliers installés, vous n’aurez plus qu’à laisser votre cité dépérir et vous laisser bercer par l’ambiance contemplative du jeu en observant le chaos s’instaurer petit à petit.
Des quartiers originaux pour entasser vos communautés
Le point fort principal du titre est sans conteste son système de quartiers et de ségrégation. Tout est pensé pour que vous puissiez séparer l’élite mondaine de la plèbe toxicomane par des longs périphériques assurant la sécurité des honnêtes gens (ceux qui payent en général le plus d’impôts).

Les habitants de la colline du crack tenteront de voler vos ressources
Par l’intermédiaire d’un pinceau, le joueur pourra déterminer quelles zones se verront accueillir les différentes communautés de PNJ. Ainsi, la diaspora chinoise pourra investir les quartiers commerçants et vendre des cannettes de jus de litchi périmées aux touristes pendant que les noirs zoneront en bas des blocks résidentiels de banlieues et assureront le bon fonctionnement du commerce de stupéfiants (essentiel pour continuer à attirer des stars du showbiz dans votre capitale). Les PNJ arabes eux, pourront se déplacer librement tout le long de la map au volant de leur merco et donneront du fil à retordre à vos forces de l’ordre. Enfin, les bobos parisiens seront la population la plus facile à gérer, il vous suffira de les enclaver dans le Paris intramuros afin qu’ils ne fassent pas trop chier et puissent continuer à se branler sur leur entre-soi pathétique en sirotant mollement leur bière artisanale à 12€ en terrasse.

Des PNJ et des évènements aléatoires permettront de recréer l’ambiance parisienne et donner vie au titre
Un bestiaire fourni
Qui dit jeu vidéo se passant à Paris dit forcément créatures en tous genres. Et là encore le génial Bruno Bonnel tape dans le mile !
En plus des milliers de PNJ (de certaines communautés) qui peuvent saccager votre ville comme bon leur semble, Shithole Tycoon n’oublie pas les acteurs majeurs des nuits parisiennes : les rats.
Vous piquerez de nombreuses crises de nerfs face aux vagues de rats qui déferleront sans cesse dans vos rues pour attaquer les poubelles laissées à même le sol car vos éboueurs seront en grève (indépendamment du salaire que vous leur conférerez, il est impossible d’activer le système d’éboueur dans le jeu, on a tout essayé). Plus les rats se reproduiront, plus ils s’attaqueront à vos citoyens. A vous de trouver la solution pour les éradiquer… Ou pas. Après tout vous êtes à Paris, les actions de la mairie n’influe que très peu sur le bon déroulement de votre partie.

Un système de gestion économique imparfait
Si, comme nous l’avons vu précédemment, l’expérience de jeu est plaisante au niveau de la création et des graphismes qui représentent à merveille l’insalubrité et la puanteur crasse de la vraie ville de Paris en pleine déliquescence, le jeu qui se veut très réaliste perd parfois de sa crédibilité, notamment au niveau de la gestion économique.
C’est tout le système de gestion financière qui pâtit fortement d’un flagrant manque de bon sens. A l’inverse de ses concurrents, Shithole Tycoon ne permet pas d’établir une vraie politique de taxes, de création de richesses ou d’exploitation de ressources qui, selon toute logique, permettrait pourtant d’emmagasiner des revenus pour continuer à améliorer sa ville petit à petit.
En effet, rien ne sert d’avoir fait des études d’économie pour jouer à Shithole Tycoon. A chaque fois que vous souhaiterez bâtir un nouvel item ou améliorer certains de vos services, il vous suffira de sélectionner bêtement l’option « emprunter » depuis l’interface de jeu pour renflouer virtuellement vos caisses et puis c’est tout. Un cruel défaut qui entache légèrement la superbe du titre et nous laisse pantois. Mais qui donc pourrait gérer sa ville de cette manière ? Construire à perte ? Mais enfin, ce n’est pas comme ça que ça marche dans la vraie vie non ?
Mais pire, le jeu semble même encourager le joueur à emprunter grassement pour réussir les objectifs de partie. Et c’est comme cela que nous nous sommes d’ailleurs retrouvés endettés à hauteur de 10 milliards d’euros en à peine une demi heure de jeu parce que nous avions voulu végétaliser la Concorde, retaper les urinoirs qui fuitaient, agrandir la colline du crack pour faire cohabiter les camés et la jeunesse parisienne en ajoutant une aire de jeu puis installer un plug anal à chaque coin de rue pour attirer plus de touristes (conditions sine qua non pour gagner la partie en mode Hidalgame).

Des DLC en pagaille !
Un mode campagne aux manettes d’une ville EELV
Bien que le jeu soit relativement complet dans ses fonctionnalités, il est vrai que nous restons sur notre fin avec le peu de cartes proposées. Bien heureusement le DLC « Shithole Tycoon : les écolos au pouvoir ! » vous permettra de prendre les manettes des véritables villes régies par nos élus écologistes telles que Grenoble et Lyon.
Des défis importants vous attendent tels qu’un véritable mode campagne qui consistera à mettre tout votre budget à contribution pour sauver votre ville en empêchant le passage d’un méchant Tour de France très sexiste dans votre citée tout en assurant dans le même temps la construction d’infrastructures non genrées, le démantèlement de caméras de surveillance et le désarmement des forces de police pour le bien-être de vos concitoyens bien entendu.

Accueillez les J.O de Paris
Les anglais sont à nos portes ! Avec le DLC « Shithole Tycoon : Du pain, des jeux et du sang », votre ville accueille les J.O de 2022 et tout le gameplay s’en retrouve métamorphosé.
Plus de gestion économique ou urbaine, le seul objectif du jeu sera de repousser, quoiqu’il en coute, les vagues d’ennemis de type anglais et de type jeune tout en limitant les pertes civiles. Il y a du pain sur la planche !

La note de la rédac
Points forts :
-Des graphismes qui font le taf pour une production française et qui égalent presque ceux de RollerCoaster Tycoon (le 2, celui de 2002).
-Le génie de Bruno Bonnel qui dépeint une nouvelle fois magnifiquement la société française après son excellent Def Jam : Fight For France.
-Le système de ségrégation et d’exclusion des minorités.
-Les bobos parisiens qui s’envolent si on souffle dessus.
Points faibles :
-Le système de gestion économique catastrophique qui laisserait presque croire qu’on confie nos villes à de parfaits incompétents. Heureusement que ce n’est qu’un jeu.
-Les camés de la gare du Nord qui sont invincibles (surtout le boss qui fait des tractions là).
-On ne peut pas tuer les conducteurs de trottinettes
-Où sont les merdes de chien ?
Note finale :
Un solide 16/20 pour ce jeu qui redore tout d’abord l’image des productions vidéoludiques françaises et, à plus grande échelle, le blason de la France à l’international.
Auteur de l’article : Freddy les bons tuyaux
une bonne barre de rire xD
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j’ai tellement ri que j’ai eternué mes couilles
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Photo sinon fake
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