Un freestyle qui a cassé l’Internet et puis s’en va… C’est ainsi que l’on pourrait résumer la carrière brève, mais intense, de l’un des groupes de rap les plus prometteurs de la fin des années 2000 : La bande à Bilel.

Alors qu’un avenir radieux semblait promis au collectif de ces jeunes artistes originaires de l’Yonne, plus précisément de la Fragonard la ZUP ouais gros, le groupe se séparera malheureusement quelques mois plus tard sous fond de querelles internes et désaccords artistiques, rendant ainsi caduque un contrat de plus de 20 millions d’euros signé par Universal Music Group qui avait misé fort sur le talent colossal des jeunes pousses du rap.

Mais alors que l’on croyait la belle aventure de la bande à Bilel définitivement consommée, voilà que certains membres du groupe ont décidé de réunir la formation, cette fois-ci sous la houlette de la maison de disques Clodo Records, pour inonder l’industrie du rap game de leur nouvelle mixtape et redonner toujours plus de rires maléfiques à leurs fans de la première heure.

Qui sont les membres de la bande à Bilel ?

La bande à Bilel est une formation composée de pas moins de 11 rappeurs qui s’est faite connaitre grâce à son premier (et dernier) freestyle, sobrement intitulé : La bande à Bilel.

Sur une instrumentale volontairement minimaliste, les 11 artistes distillent tour à tour leurs punchlines les plus acerbes et leurs rimes bien senties tout en démontrant toute l’étendue de leur talent lyrique et de leur palette technique. Le freestyle dévoile le portrait de chacun des rappeurs qui se relaient l’un après à l’autre, variant ainsi les flows, tantôt rapides comme sur le couplet du jeune Yacine, tantôt saccadés comme lors du couplet de Cheumklienméclenichien.

Malgré une discographie qui laisse un terrible goût d’inachevé (un seul titre produit durant toute leur carrière !), il n’a suffit que d’un freestyle d’une minute pour mettre à l’amende les 3/4 des rappeurs français dont l’excellent Kaaris, qui avouera même plus tard avoir puisé toute son inspiration de Serre-fion qui était à l’époque le membre le plus influent du collectif.

Mais qui sont donc ces 11 prodiges qui ont marqué l’histoire du rap français, allant même jusqu’à révolutionner ses codes en installant la mode des « groupes de rappeurs » qui sera plus tard reprise, avec bien moins de maestria, par de pâles copies vides d’intérêt telles que la Sexion d’Assaut (qui nous aura offert ces immondes merdes humaines que sont Maitre Gims et Black M) ou bien encore 1995 (comprenant le dangereux et infréquentable délinquant Nekfeu). Voici pour vous chers lecteurs, les 11 membres originels de la bande à Bilel :

bande à bilel

Bilel : Le chef

Leader du groupe, il est à l’origine de celui-ci et en est très certainement le membre le plus actif, s’occupant de l’organisation de la bande ainsi que de la production des clips vidéos qu’il aime d’ailleurs réaliser lui-même à l’aide de son matériel de pointe dont il ne se sépare jamais : son Nokia 2006 à clapet. Il ouvre le bal en balançant son couplet : « j’vais vous présenter tous mes sabres » (sabre signifiant ami en langage de la rue).

Sammy : Le bagarreur

Fier représentant de la place du marché, il est le petit bagarreur de la bande. Son tempérament fougueux se ressent dans ses textes d’une violence rare et d’une noirceur jamais égalée dans le milieu du rap. Le rap a été pour lui la bouée de sauvetage qui l’a écarté d’un destin funeste : celui de voleur de motos

Serre-Fion : Le cerveau

Le petit chouchou du public. Il est vrai que Serre-Fion détonne parmi la bande notamment de par sa petite taille mais aussi de par ses lunettes de vue qui, en toute logique, démontrent qu’il est l’intello de la bande. Sa vivacité d’esprit et sa grande culture lui permettent d’écrire des couplets éclairés qui n’ont d’ailleurs rien à envier à la plume de Houellebecq ou Flaubert. Notre ami Kirby-54, critique musical de renom qui vient d’ailleurs d’épiloguer, non sans douleur, sur le dernier album de Squeezie, va jusqu’à comparer les écrits de Serre-Fion à ceux de son auteur préféré : l’inégalable Stephen King. L’approbation de notre maître à penser Kirby-54 renforce d’autant plus nos convictions sur le talent du jeune rappeur.

Yacine : La mitraillette

Un flow rapide comme l’éclair, voici Yacine ! Les vers du jeune rappeur s’abattent comme la foudre et électrifient les auditeurs de leur puissance technique. Rafale sur rafale, le vif Yacine aime dépeindre son quotidien à base de tapages de grosses motos (??). Bien que la maîtrise technique de Yacine ne fasse aucun doute, les fans lui reprochent souvent son élocution quelque peu hasardeuse qui malheureusement ne fait pas honneur à ses textes en rendant leur compréhension parfois difficile, voire tout bonnement impossible.

Cheumklienméclenichien : Le maillon faible

Assurément le rappeur le moins doué du collectif, Cheumklienméclenichien pâtit malheureusement de son manque d’implication dans le groupe et il est généralement l’unique rappeur dont tous les fans préfèrent passer le couplet. Poussant sa paresse intellectuelle à l’excès, le jeune rappeur va même jusqu’à conclure son couplet tout claqué par un simple « Puis voilà » qui résonne comme un aveu de faiblesse et laisse les auditeurs dubitatifs quant à la légitimité de l’artiste dans le milieu ô combien exigeant du rap game. Arrogance et ego trip assumé ou simple lacunes intellectuelles ? Nul ne le sait…

Chaïd : la caution LGBT

Si Chaïd fait figure d’OVNI dans l’univers du rap, ce n’est pas pour son talent, certes indéniable, ni pour son sourire communicatif et sa gestuelle haute en couleurs mais bel et bien parce qu’il est le premier rappeur a avoir dévoilé son homosexualité au public. Un geste courageux tant le sujet était, et reste, tabou dans le microcosme faussement viriliste du rap. Et c’est peu dire que Chaïd n’a que faire des jugements, ce dernier va même jusqu’à dévoiler ses pratiques sexuelles en plein freestyle en lâchant « J’suis là juste pour caresser les bûches cousin, et les CRS » (on peut observer le rappeur montrant des cailloux dans ses mains à ce moment du clip, symbolisant ainsi les testicules des CRS qu’il aime palper au quotidien). Un discours détonnant, mais nécessaire tant il œuvre pour la réconciliation entre jeunes de cité et forces de l’ordre.

Amassou : le gendre idéal ?

Atout charme du groupe avec sa petite chemise blanche qui semble tout droit sortie d’un mariage au bled, le jeune Amassou est en réalité à des années lumières de l’image de petit ange dont il aime jouer auprès des groupies. En effet, si l’on porte un regard particulier à ses textes, on remarque que ceux-ci transpirent la violence et la dureté de la rue. Vols de sacs à mains, braquages de banques et relents d’islamisme intégriste… Du haut de ses 8 ans, Amassou dépeint crûment un quotidien macabre que le français moyen et privilégié ne peut comprendre.

Micha : l’ex footballeur

Enième futur Zidane (après Faubert et Marvin Martin), Micha aurait pu fouler les plus grandes pelouses du monde du football si seulement une malencontreuse blessure aux croisés durant une partie de foot arabe sur la place du marché n’était pas venue éteindre les rêves du jeune rappeur. Micha ne s’est jamais pardonné cet échec et porte un poids de honte et de culpabilité si grand qu’il doit constamment revêtir un foulard dissimulant entièrement son visage (bien que certains arguent qu’il cacherait en fait son visage par volonté de conserver sa vie privée des yeux des paparazzis et des fans en délire). Le flow de Micha est simple et efficace : avec sa voix rauque, le rappeur utilise l’indémodable technique du C.B.M (comprendre « Caillasser, Boumer, Terminer ») qui résume le style de rap hardcore de l’Yonne.

Ça Suffit Molotov : le grossiste

Le rappeur avec le plus de vécu et d’expérience du ter-ter répond au doux nom de Ça Suffit Molotov. Connu depuis longtemps dans le secteur de la fragonard, la réputation de Ça Suffit Molotov n’est plus à faire. En effet, il est un peu le grand-frère de la bande. Sa débrouillardise lui permet de fournir tous types de substances à sa bande mais aussi de pourvoir le groupe en termes d’équipements nécessaires à la vie d’un collectif de rap tels que les escorts pour les soirées d’après concert mais aussi des airsofts en plastique pour avoir l’air méchant lors du tournage des clips. Durant la pause musicale qui a succédé le freestyle de la bande, Ça Suffit Molotov s’est reconverti en vendeur de téléphones portables à la provenance douteuse. Son succès fut tel qu’on le surnomme maintenant le Saul Goodman de la ZUP.

Tariko : le stoner

Chaque bande à besoin d’un petit trublion, un bout en train qui remonte le moral de l’équipe autour d’un bon pilon. Dans la bande à Bilel, ce joyeux drille n’est autre que Tariko ! Ses textes tournent le plus souvent autour de la consommation de stupéfiants (il n’hésite d’ailleurs pas à exposer son haschich royal maison goût chaussette devant les caméras). Mais les écrits du rappeur traitent aussi de délires mystiques. En effet, sujet à des hallucinations, Tariko, le regard hagard, s’autoproclame « le maléfique » et ponctue ses couplets par son gimmick, désormais célèbre : le rire maléfique.

On Fait du Beefsteak pour mendier : l’ignoré

On fait du Beefsteak pour mendier est le dernier rappeur à apparaitre sur le freestyle de la bande à Bilel, il est aussi celui avec le moins de temps de parole et est même totalement absent de tous les photoshooting du groupe. Négligé, humilié par ses compères… beaucoup de rumeurs circulent sur la vie d’On Fait du Beefsteak pour mendier au sein du groupe. Il se pourrait même que ce dernier soit à l’origine de l’éclatement du de la bande ne pouvant plus supporter le traitement infligé par ses camarades. Une probable histoire de répartition inégales des recettes des ventes (On Fait du Beefsteak pour mendier n’ayant jamais été crédité sur les oeuvres du groupe) est également évoquée par les fans tentant de percer le mystère de la querelle intestine du groupe.

La bande à Bilel se reforme

La bande à Bilel a donc appris de ses erreurs : fini les guerres d’égo et les caprices de stars. Le groupe apparait désormais plus unifié que jamais pour son retour en grandes pompes. Cette solidarité se doit à un certain tri qui a été effectué par les membres restants de la formation. En effet, ces derniers se sont séparés de plusieurs éléments perturbateurs tels que, bien évidemment, cette sale victime de On Fait du Beefsteak pour mendier et de Cheumklienméclenichien qui n’avait tout simplement pas le niveau pour rapper, mais aussi, plus surprenant, de Micha, Tariko et surtout de Bilel lui-même, évincé de son propre groupe.

Malgré l’absence de Bilel, le groupe a tout de même tenu à garder le nom original de la bande « en l’honneur des rires maléfiques du passé et des bon moments partagés cousin » selon les mots de Serre-Fion, nouveau leader de la bande.

La bande à Bilel nouvelle génération. De gauche à droite : Serre-Fion, Ça Suffit Molotov, Amassou, Sammy, Yacine et Chaid.

Et ce sont ces mêmes rires maléfiques, thématique curieusement récurrente de la bande, qui sont à l’honneur pour le nouveau projet du groupe. En effet, la prochaine mixtape, qui sera disponible dès le 1er Octobre 2020 chez tous les bons disquaires de France ainsi que sur les plateformes de streaming s’intitulera « Rires maléfiques 2.0« .

Pour le plus grand bonheur des amateurs de gangsta rap, ClodoNews s’est procuré en exclusivité la tracklist de la mixtape à venir ainsi que les rappeurs présents sur chacun des morceaux. Comme vous pouvez le constater une tracliskt propre avec des featurings sales attend les fans :

  1. Que des oufsSerre-Fion, Ça Suffit Molotov, Amassou, Sammy, Yacine, Chaid
  2. RDV place du marché (feat. Squeezie)Serre-fion, Ça Suffit Molotov
  3. La fragonard la nuitSerre-fion, Sammy
  4. C.R.S loveChaid
  5. MarchandisesSerre-Fion, Ça Suffit Molotov, Amassou, Yacine
  6. Donne ton snap (feat. La Fouine)Ça Suffit Molotov
  7. KTM 450 et ptites motosYacine, Sammy
  8. Braqueurs (feat. Mister You)Amassou, Ça Suffit Molotov
  9. On est pas des PD (feat. Dave)Chaid
  10. Ceux qui cassent les couillesSammy, Serre-Fion, Amassou
  11. Plus de Beefsteack dans le frigoSerre-Fion, Chaid
  12. Regard bien ZehefYacine, Serre-Fion, Ça Suffit Molotov
  13. Pour toujours des rires maléfiques (feat. fichiers audio de la voix de Tariko)Serre-Fion, Ça Suffit Molotov, Amassou, Sammy, Yacine, Chaid

Alors ? Booska lourd ? Hassoule à vous de gé-ju !

Article rédigé par : Timéo le stagiaire